Bonjour,
Je m’appelle Antonino Foutelet, et je dispense des cours de guitare à Dijon depuis maintenant dix ans à des élèves de tout âge et de tout niveau.
Je vais tenter aujourd’hui d’utiliser toutes les données que j’ai pu collecter en dix ans de cours afin de répondre à LA question la plus fréquemment posée par mes élèves : comment faire pour progresser rapidement ?
Après avoir passé dix ans à vous accompagner dans votre pratique, j’ai pu rassembler un certain nombre de pistes de réponses sur le sujet car je me suis moi-même souvent penché sur la question pour vous proposer le meilleur enseignement possible.
Il en ressort que les élèves qui progressent beaucoup plus vite que la moyenne (et ce quel que soit leur niveau de départ) font plusieurs choses que ceux qui évoluent moins vite ne font presque jamais.
Je vous propose donc de découvrir quelles sont les sept habitudes de pratique que ces élèves adoptent qui ont l’impact le plus significatif sur leur vitesse de progression.
Mettons tout de suite de côté le paramètre temporel.
Il est évident que plus on pratique longtemps et fréquemment, plus on a de chance de progresser rapidement.
Ici nous allons parler de sept « boosters » de progressions ultra efficaces qui vous permettront d’optimiser au maximum le rendement de votre temps de pratique quotidien, et ce quelle qu’en soit la durée.
1 Ils n’attendent pas d’avoir le temps, ils trouvent le temps.
Je dois vous avouer quelque chose : je vous ai dupé. En effet, nous allons quand même parler un peu du temps de travail, ou devrais je dire de la manière dont les élèves dont la progression est la plus rapide trouvent du temps pour pratiquer.
Ces élèves n’attendent pas que la pratique de la guitare vienne s’insérer au dernier moment dans leur emploi du temps parce qu’ils ont vingt minutes qui sont soudain disponibles.
Si vous attendez que la vie vous fasse cadeau de ces vingt minutes vous trouverez toujours une façon plus oisive de les utiliser.
Ceux qui progressent vite sont capables d’organiser une partie de leur vie quotidienne (plus ou moins conséquente selon leurs ambitions) autour de la guitare.
Ils se lèvent le matin en sachant déjà exactement quand et combien de temps ils vont pratiquer l’instrument et, sauf impondérables vraiment fâcheux, ils s’y tiennent.
De cette manière, la guitare rythme une partie de leur vie au quotidien.
C’est ce qui leur assure une réelle régularité dans la pratique.
Le tips du prof’:
Si vous avez un emploi du temps qui ne varie pas d’un jour à l’autre, essayez de jouer toujours sur le même créneau horaire (l’idéal étant de faire plusieurs courtes sessions chaque jour plutôt qu’une seule trop longue) .
Si ce n’est pas votre cas, planifiez votre séance de guitare la veille pour le lendemain et respectez l’horaire défini.
2 Ils repèrent rapidement les défauts qui les limitent.
« Vous ne pouvez pas traiter un problème tant que vous n’êtes pas capable de le décrire correctement.
Tant que vous ne savez pas décrire correctement un problème, ce que vous croyez être une solution sera en fait tiré au hasard. Et quand vous tirez au hasard, la probabilité que vous atteigniez votre cible est extrêmement faible. »
Cette citation de Jean Marc Jancovici me plait beaucoup car elle illustre parfaitement ce qui va suivre.
Un deuxième trait commun à ceux qui progressent rapidement est d’être capable de cerner très vite quel est le détail qui les limite sur une partie spécifique.
Voici un exemple très fréquent : lorsque que vous n’arrivez pas à dépasser une certaine vitesse sur un « licks » (plan de guitare lead) d’un solo complexe, c’est rarement tout le plan qui « bloque » à ladite vitesse non ?
Vous devez être capable d’identifier par vous même quel est le mouvement (voir le micro mouvement) qui vous limite.
Là où beaucoup adopteront une stratégie basée sur le volume de travail engagé (« continue à travailler ce plan pendant quelques heures et il finira bien par passer ») ou des stratégie contre-productives (« réduit la vitesse de 30 bpm ») , les élèves qui avancent vite vont prendre le temps de se concentrer sur leurs sensations physiques pour vraiment comprendre quel est le détail qui les empêche de jouer la partie qui pose problème à une vitesse plus élevée.
Ils comprendront ainsi beaucoup plus vite sur quel geste spécifique mettre l’emphase dans leur pratique immédiate, et surmonteront les difficultés techniques beaucoup plus vite.
Le tips du prof’:
Posez vous des questions pertinentes.
Par exemple dans le cas d’un trait de solo véloce : le « limitateur » de vitesse est il la main droite ou la main gauche?
Dans une partie d’accompagnement complexe en arpèges: Est ce mes changements d’accords ou ma technique de main droite qui pose problème ?
Une fois que vous avez identifié un début de réponse, réduisez la fenêtre d’investigation au maximum pour trouver LE détail sur lequel agir.
3 Ils élaborent une stratégie qui cible précisément ce sur quoi ils ont besoin de progresser
Une fois un défaut de jeu ou un point faible repéré, il est hors de question de se complaire dans une approche purement théorique.
Il n’existe que deux moyens d’apprendre réellement : pratiquer et enseigner.
Cinq minutes de pratique vous donneront plus de résultats que deux heures de visualisation.
Encore faut il utiliser correctement ces cinq minutes…
Les élèves qui avancent très vite vont construire des exercices courts et efficaces focalisés sur les défauts qui les limitent à un instant présent.
Ainsi ils régleront beaucoup plus rapidement les problèmes qui les empêchent d’avancer et éviteront de perdre des heures dans une pratique stérile car mal orientée.
Pour progresser vite il faut pratiquer avec intensité (j’entends par là chercher en permanence à « flirter » avec la zone d’inconfort et s’impliquer à 100% physiquement et mentalement) et avec intelligence (en ciblant tout de suite LE détail qui vous bloque).
Le tips du prof:
Essayez dès que c’est possible de créer des exercices qui peuvent tourner en boucle courte.
Si la partie qui vous bloque ne peux pas former une boucle musicalement cohérente, travaillez une courte portion avec comme point d’arrêt le détail qui vous pose problème.
Segmentez également votre apprentissage dans le cadre de morceau d’accompagnement : les accords d’abord, la main droite ensuite.
4 Ils s’enregistrent fréquemment .
Je ne le répéterai jamais assez : enregistrez-vous et filmez-vous !
Je le dis très souvent à tous mes élèves car c’est le seul moyen que vous ayez de pouvoir réellement vous entendre jouer tout en étant totalement disponible mentalement pour émettre un avis objectif sur votre jeu.
Tour le monde a déjà entendu ce conseil. La différence, c’est que les élèves qui progressent vite le font !
Nul besoin d’un studio ou même d’un logiciel onéreux. Dans un premier temps, votre smartphone fera l’affaire.
Vous pensez passer parfaitement ce plan de sweeping qui vous a demandé des heures de pratique mais votre exécution est elle si propre que cela ?
Vous êtes certain que votre « kot-kot » funk est parfaitement en place?
Nous allons voir ce que vous dit le métronome après enregistrement !
Le support vidéo peut également vous permettre d’identifier des défauts techniques qui vous sauteraient aux yeux si pouviez vous voir jouer.
Quand je fais remarquer un défaut technique à un élève, j’obtiens toujours plus ou moins la même réponse: « je ne l’aurais sûrement jamais remarqué tout seul mais maintenant que tu me le dis, cela me parait évident. »
La vérité, c’est que souvent l’élève pris sur le fait n’a jamais appris à diagnostiquer ses propres imperfections techniques dans son jeu et le fait de se filmer va l’y aider grandement.
Pour les plus avancés, enregistrer vous permettra également, si vous disposez du matériel adéquat, de vous familiariser avec la MAO et d’affiner votre oreille de « producteur ».
Par exemple, le fait de maquetter vos compositions vous permettra de comprendre la place de la guitare dans le spectre sonore .
Enfin vous pouvez conserver de vieux enregistrement qui vous serviront de témoins des semaines, des mois, voir des années plus tard quand vous douterez de vos progrès.
Le tips du prof’:
En prenant l’habitude de vous enregistrer à chaque séance, vous êtes gagnant à tous les coups. Commencez de façon modeste : filmez ce que vous venez de travailler avec votre smartphone, prenez un peu de temps pour avoir du recul et faites une analyse à froid.
Un musicien qui ne s’enregistre jamais est un cuisinier qui ne goûte jamais ses plats avant l’envoi, ou un écrivain qui ne se relit pas. C’est tout bonnement un non-sens !
5 Ils demandent régulièrement un avis extérieur.
S’enregistrer et disséquer son propre jeu est vraiment une excellente habitude mais pour aller plus loin il vous faudra également confronter votre travail au regard d’un personne extérieure d’un niveau bien plus élevé que le vôtre et qui ne soit pas engagée affectivement (comprenez par là: une personne qui ne soit pas papa/maman/votre copine/votre chat).
Ceux qui font des bonds fulgurants dans leur apprentissage le font dès que possible sans crainte du constat qui sera fait.
Quand on veut progresser on a besoin d’entendre un son de cloche plus fortement que les autres, et son nom est la vérité.
Une personne d’un niveau supérieur au vôtre a forcément parcouru le chemin qui vous attend avant vous, et pourra donc vous guider avec pertinence pour éviter de vous faire perdre votre temps (la denrée la plus précieuse du musicien).
Soyez honnête envers vous-même: quand quelqu’un est meilleur que soit, on le sait !
Au lieu de « fuir » une personne qui est plus compétente que vous pour vous rassurer, faites-en un allié de choc !
Le tips du prof’:
Assurez-vous d’avoir toujours un « alpha » dans votre entourage. J’entends par là un musicien qui soit meilleur que vous dans les domaines qui vous tiennent à cœur. Au-delà des conseils qu’il pourra vous prodiguer, cela constituera une excellente source de motivation.
Vous êtes le meilleur guitariste de votre cercle proche ? Fantastique, mais cela veut également dire qu’il n’y a plus personne autour de vous qui soit capable de vous faire progresser.
6 Ils ne laissent pas leur ego s’en mêler.
Toute personne a un ego , et trop souvent, si on le laisse s’exprimer, il va interférer de façon négative avec notre progression.
Beaucoup trop d’apprentis guitaristes prennent comme un affront le fait que l’on leur fasse corriger certains gestes, retravailler la gamme pentatonique en profondeur, ou encore que l’on leur conseille de travailler sérieusement avec un métronome.
Ceux qui progressent vraiment ne laissent pas leur fierté parasiter leur apprentissage.
Ils appliquent tout de suite les consignes que l’on leur donne et font confiance à leur professeur dès que la remise en question s’impose.
Ils gagnent ainsi un temps précieux !
Le tips du prof’:
Trouvez un professeur qui vous inspire de la confiance en sa pédagogie. N’intervenez pas systématiquement dans la direction que doit prendre votre apprentissage. Parfois, la personne la mieux placée pour savoir exactement là où vous devez progresser en priorité, ce n’est pas vous.
7 Ils complètent les cours par des recherches personnelles.
Enfin, la dernière habitude que j’ai pu repérer chez les élèves qui progressent très vite est qu’ils vont pratiquement toujours chercher à en savoir plus sur un sujet étudié que ce qui a été initialement abordé en cours.
Un cours sur l’economy picking ?
Vous pouvez être sûr que le soir même, les élèves au profil proactif vont retourner tout Youtube pour en savoir un maximum sur cette technique au nom évocateur.
Vous disposez d’une bibliothèque de renseignements quasiment infinie qui se nomme Internet.
Au lieu d’en faire un usage oisif, utiliser cette formidable base de données dans un but productif.
Vos aînés guitaristes qui ont dû apprendre en ayant très souvent leurs disques comme seules sources exploitables auraient adoré avoir accès à toutes ces vidéos sur les modes, les réglages d’amplis qui marchent réellement ou encore sur la manière dont Ynwgie Malmsteen oriente son médiator pour atteindre la vélocité qui est la sienne.
Vous pouvez également utiliser Internet pour faire de nouvelles découvertes musicales qui alimenteront votre motivation.
J’ai pour ma part découvert 95% de ce que j’aime musicalement sur Internet et si j’en était resté à ce que mes amis me faisaient écouter, je ne ferais certainement plus de musique depuis longtemps.
Le tips du prof’:
La curiosité est l’une des qualités premières qu’il faut développer pour devenir un musicien accompli.
Gardez toujours un moment dans la journée pour faire des découvertes théoriques, techniques ou artistiques.
Pourquoi prendre des cours ?
Maintenant que vous savez exactement quoi faire, il existe deux voies à emprunter:
1. La voie difficile :
Elle consiste à tout faire par vous même, ce qui vous oblige à devoir être capable de détecter seul vos propres lacunes et d’y apporter les réponses appropriées.
C’est une voie passionnante mais elle peut être très longue et on peut faire beaucoup d’erreurs de parcours
2. L’autoroute :
Cela consiste à choisir le bon enseignant pour vous accompagner.
Prendre des cours avec un bon professeur, c’est avoir quelqu’un à vos côtés qui repérera ce qui bloque votre progression beaucoup plus rapidement que vous ne l’auriez fait vous même et vous proposer tout de suite la stratégie qui vous correspond pour surmonter un pallier.
Pour ma part, je suis professeur de guitare mais je suis avant tout un vrai passionné.
J’ai passé des journées entières à disséquer chaque détail du jeu de mes guitaristes préférés pour m’approprier ce qui leur permet de réaliser des choses que le commun des mortels pense hors de portée.
Cela m’a donné la certitude que la clé est dans la méthode.
C’est donc toutes ces connaissances que je mets à disposition de mes élèves !
Conclusion :
En conclusion, je dirais que je n’ai pas réinventé la roue avec cet article.
D’ailleurs je pense que la plupart de ces conseils sembleront évidents à certains.
Néanmoins c’est très souvent dans leur application que la plupart pèchent.
Faites de ces sept habitudes de pratique votre credo.
Appliquez les quotidiennement et observez les résultats à moyen terme.
Je ne suis pas en train de vous promettre des miracles car il y a des choses qui me semblent évidentes.
Certains ont un potentiel plus élevé que d’autres car la nature est faite ainsi et avec la même méthode certains iront plus loin que d’autres.
Dans le sport par exemple, nous avons eu quelques exemples de champions qui ont régné sans partage sur leur discipline (Michael Jordan , Pelé, Teddy Riner , Tiger Woods , Michael Phelps , Khabib Nurmagomedov ou encore Usain Bolt).
Pensez vous que leurs rivaux s’entraînaient moins qu’eux ?
Bien sûr que non !
Ils avaient tout simplement ce X-Factor en eux qui à travail égal les rendait supérieurs à leurs concurrents.
Il en est de même avec la musique : vous trouverez toujours quelqu’un qui ira plus vite et plus loin que vous à temps de pratique égal.
Néanmoins, je peux vous assurer une chose en laquelle je crois fermement : en appliquant ces sept habitudes et en faisant d’elles les piliers de votre pratique, vous allez exploser votre niveau comme vous ne l’aviez jamais fait auparavant.
Pour ma part, je crois dur comme fer que la méthodologie peut révolutionner la vie d’un guitariste.
N’attendez pas des résultats immédiats.
Adoptez cette discipline, tenez bon et rendez vous dans quelques mois pour des résultats spectaculaires !
Antonino